L’histoire commence-t-elle au début du XXème siècle, dans une forêt du Canada, lorsqu’un homme lève la tête pour regarder un arbre, devient subitement aveugle le temps de quelques secondes et entend un air de violon sorti de nulle-part ? Ou bien l’histoire commence-t-elle quelques décennies plus tard ? Lorsqu’un compositeur projette lors de son concert la vidéo prise par sa sœur dans cette même forêt, fixant sur la caméra cette même anomalie ? Ou bien finalement le début de l’histoire est-il en 2203, lors de la tournée promotionnelle d’une autrice, alors qu’une pandémie se déclare et qu’un homme étonnant vient lui poser des questions étranges ?
Le temps est-il flexible ? Est-il une ligne droite ou bien une sorte de boucle ? Ou bien encore un mille-feuille où les époques se superposent les unes aux autres ? Quantité de textes de science-fiction ont exploré cette question. Mais lorsqu’Emily St John Mandel s’en empare, c’est pour la mâtiner de réflexions sur le travail littéraire ainsi que d’interrogations sur l’éthique et le sens que l’on donne à sa vie – surtout quand s’il s’agit de la mettre en péril.
Jouant avec les codes de la science-fiction, l’autrice nous captive grâce à sa finesse et le calme mystérieux qu’elle sait instiller dans ses romans.
La Mer de la tranquillité. Emily St John Mandel. Traduit de l’anglais (Canada) par Gérard de Chergé. Rivages. 2023. 22€

