Sororité de bell hooks

« Ce livre est un livre sur la réconciliation. Il est pensé pour servir de carte, pour guider un voyage qui nous ramènera peut-être à ce lieu sombre profondément enfoui en nous, ce lieu où pour la toute première fois nous avons été connues et aimées, où les bras qui nous ont serrées nous serrent encore. »
p.26

Ça faisait longtemps que je n’avais pas posté de coup de coeur pour un livre issu du rayon sciences humaines. Ce n’est pas une question de manque d’ouvrages, il y en a beaucoup, mais d’une sensation d’avoir lu beaucoup, sur les mêmes sujets.
Et puis il y a quelques semaines, je reçois cette nouveauté, une parution d’un texte de Bell Hooks, inédit en France.
Il y a des autrices et des penseuses comme ça, qu’on a toujours plaisir à retrouver. C’est un peu comme se réfugier dans un petit cocon.

Avec Sororité, on s’attache aux répercussions du racisme, du sexisme et de l’exploitation de classe sur la santé mentale des femmes noires, on explore le thème de la guérison des blessures infligées par la domination : parce qu’une fois qu’on en a connaissance, comment faire ? Comment s’en remettre ?
Pour être bien avec soi-même et pour avoir la force de lutter malgré tout ? Pour avoir le temps, l’énergie et l’espace de s’impliquer politiquement, alors qu’on n’est pas bien avec soi-même?

Dans ce livre, Bell Hooks propose de se réconcilier avec la représentation de soi et de son propre corps, de reconstruire le sens du collectif, favoriser la santé mentale et sa prise en charge, de se défaire de l’amertume et de décoloniser son psychisme.

Une approche antiraciste, intersectionnelle et afroféministe des rapports de dominations, des effets néfastes que ceux-là produisent sur nos sociétés et les individus. C’est intelligent, pertinent et c’est une lecture qui fait du bien ! Car même si le constat peut être alarmant, l’optimiste et la foi en un monde meilleur de l’autrice nous donne du courage et de la force, nous permet de croire de nouveau en l’humanité, et je crois que ce n’est pas si mal par les temps qui court.

Bell Hooks, Sororité, Payot, 2024.
trad. Pauline Tardieu-Collinet, Louise Cabannes et Leslie Talaga.
20€.