
Il faut que vous sachiez que rien de cette histoire ne serait arrivé si Samuel n’était pas allé au Truffaut de Rennes Sud pour y acheter un poisson, histoire de mettre fin à une solitude insupportable. Sans le poisson, il n’y aurait eu ni la rencontre de Jacques, ni celle de Zélima ou de la commissaire Delair. Et le roman ne commencerait pas en garde à vue. Car maintenant que Jacques a été retrouvé mort chez Samuel, les choses se sont un peu compliquées.
Pour me faire aimer un roman en littérature française, il faut vraiment savoir me cueillir. Il me faut du style, ou une voix que je pourrais entendre directement, un ton, une aspérité dans l’écriture qui accroche. Cécile Cayrel signe avec Aveu de tendresse un roman qui dès la première page attise notre curiosité. Un personnage qui génère des sentiments ambivalents, tour à tour touchant, drôle malgré lui, agaçant voire carrément pathétique. Un personnage qui m’a rappelé L’angoisse du Roi Salomon, de Romain Gary, dans cette façon un peu alambiquée de dire le bon sens, ou bien d’énoncer simplement des vérités d’une insondable profondeur. Cette construction un peu décalée de la pensée et de l’expression.
Et au-delà d’un texte qui interroge à la fois notre solitude, nos projections, nos regrets et notre manière de nous positionner par rapport aux autres, j’ai trouvé, au fil de la lecture, Un procédé d’une grande finesse. Quand un narrateur nous raconte une histoire, son histoire, nous partons souvent du principe que sa version est la vraie, l’objective, la neutre. Ici, le décalage entre le vécu et la perception extérieure vient interroger le crédit que l’on donne à qui sait nous raconter une bonne histoire. Gentil type loufoque ou mec bizarre et inadapté, un peu stalkeur ? Ami aidant ou inconnu justifiant ses actions étranges par des raisons encore plus bizarres ? Peut-on vraiment connaître un personnage de roman ?
Et au milieu de tout cela, une douceur, un humour tout en finesse, un regard vif mais tendre sur notre encombrante densité d’être humain.
Aveu de tendresse. Cécile Cayrel. La Tribu (maison d’édition appartenant au groupe Les Nouveaux Éditeurs). 2025. 245p.
Nous recevons Cécile Cayrel le mercredi 5 mars pour une rencontre autour de son ouvrage. La rencontre aura lieu à 19h et sera précédée d’une dédicace à 18h.
Si vous souhaitez réserver une chaise, n’hésitez pas à nous appeler au 02 99 53 37 95 ou à nous envoyer un mail à librairielanuitdestemps@gmail.com

