Les Bien aimés fait partie de ces romans qui cheminent longtemps avec nous. De ces rencontres littéraires que l’on garde dans un coin de notre mémoire et dont la saveur particulière est à la fois douce mais un peu amère également. Parce que c’est une histoire de famille et que les familles sont compliquées, même celles où l’on s’aime – surtout celles où l’on s’aime. Parce que c’est une histoire d’amour et que parfois l’amour change, s’en va, transmute, alourdit ou élève.
Les Bien aimés nous parle de William, son grand corps de basketteur, le chagrin de sa famille suintant dans chaque pore de sa peau, son envie, désespérée, de trouver sa place et d’être aimé. Et puis la rencontre avec Julia, l’aînée des soeurs Padavano. L’amour, la jeunesse, la vie qui démarre enfin. Aimer Julia, c’est aimer sa famille. Ses parents, mais surtout ses trois soeurs : Sylvie, Cecelia et Emeline. Chacune avec sa personnalité, ses envies, ses rêves. Jusqu’au jour où le passé le rattrape, faisant éclater sa vie mais aussi celle de la famille qui l’avait accueilli.
Ann Napolitano sait construire des personnages dont l’épaisseur est au service d’une vision fine des relations humaines. Rien de manichéen, ici tout est dans la nuance, la complexité. Au milieu des drames qui jalonnent une vie, il y a toute la lumière qui éclaire les relations entre les gens. Les Bien aimés se pose comme une ode à la vulnérabilité, à l’amitié indéfectible, à ce qui fait une famille. Tout en justesse, avec la petite mélancolie douce d’un dimanche soir d’été, le roman semble nimbé de cet éclat doré des couchers de soleil. On aimerait que cela dure toujours, et ne jamais quitter la famille Padavano.
Si vous avez aimé Demain et demain et demain de Gabrielle Zevin, ou bien Poète Chilien d’Alejandro Zambra, ce roman se situe à leur intersection, et c’est un très grand coup de coeur.
Les Bien aimés. Ann Napolitano. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Caroline Bouet. Les Escales, 2025. 24€
Librairie La Nuit des temps 