Littérature étrangère

La pommeraie, de Peter Heller

C’est dans une cabane, sans eau ni électricité, au fin fond du Vermont que Hayley, ancienne traductrice de poésie chinoise, décide de fuir avec sa fille Frith lorsque celle-ci à 6 ans. On ne sait pas tout de suite pourquoi, mais la volonté farouche que met Hayley à se créer une vie libre et indépendante nous touche. Leur vie rude et isolée sera heureusement égayée par l’arrivée de Rose, une artiste joyeuse et généreuse qui intégrera le duo avec facilité. Presque 30 ans plus tard, alors qu’elle attend une enfant, Frith se remémore son enfance insouciante et sauvage avec sa mère au travers de traduction de poésie chinoise qu’elle lui a transmis. On traverse ainsi leurs vies, leurs galères et leurs joies, la récolte du sirop d’érable, celle des pommes et les étés au lac…

Hayley – maman – était une femme de lettres, cultivatrice bio, artiste, consommatrice éclairée, et donc encline à des accès, des phases voire à de longues
périodes de rêves utopiques. Ce jugement paraît dur, beaucoup plus dur que nécessaire, et sans doute faux. Ce que je veux dire, c’est qu’elle nous a installés, Ours
et moi, dans ce paysage bucolique, délabré et déglingué pour s’inventer une nouvelle vie au plus près de la nature ; cette nature était un des pieds du tabouret, l’autosuffisance et la beauté constituant les deux autres. Un lieu où sa petite fille et son chien grandiraient sous le patronage des constellations, des vents frais des
nouvelles saisons, des pommes qui mûrissaient et des feuilles qui tombaient, des ruisseaux qui gonflaient et de la glace qui fondait, des phalanges d’oies en migration qui cacardaient dans la nuit la plus noire et et et…
C’est vrai, c’était magnifique. Ça l’est toujours. Je me tiens sur la véranda et j’acquiesce, la remercie.

Avec beaucoup de poésie et de douceur Peter Heller nous embarque dans un pommeraie au fil des saisons où nous suivrons la relation unique et fabuleuse qui peut se créer entre une mère et sa fille.

C’est un roman unique, puissant et sauvage sur l’enfance, l’amour, la nature et l’amitié indéfectible qui peut unir deux femmes très différentes.

La pommeraie, Peter Heller, éditions Actes Sud, traduction de Céline Leroy, 22€50

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