
Rose Lamy que l’on connaissait sous le nom du compte intagram « Préparez-vous pour la bagarre » et qui avait déjà deux brillants essais : « Défaire le discours sexiste dans les médias » et « En bon père de famille » revient ici dans un essai/récit plus personnel autour de la figure du beauf. Ce mot, souvent utilisé pour se sentir au dessus de la masse, n’a pourtant pas de définition propre. On est tous le beauf de quelqu’un et on trouvera toujours plus beauf que nous. Mais d’où vient le beauf ? Et pourquoi la gauche à-t-elle échoué à tisser un vrai lien avec les classes populaires, contrairement à l’extrême droite ? Où sont passé les femmes beauf ?
Dans cet essai très réussi, Rose Lamy décortique ses origines, ses goûts et tout ce que les classes dominantes qualifient de « beauf ». Indispensable pour regarder vraiment les violences de classes et pour déconstruire des mécanismes de défenses qu’on a toutes et tous déjà utilisé, à tord.
Les féministes ont réussi à installer l’idée que les violences sexistes sont un continuum qui commence aux blagues, aux injures et qui s’étend jusqu’aux viols et aux féminicides. Les violences de classes sont elles aussi un continuum. Elles ne commencent pas le jour où l’on perd un emploi ou lorsqu’on se rend aux Restos du Cœur, et ne se résument pas aux stéréotypes d’un autre temps, quand les misérables mouraient de faim en haillons dans les faubourgs de Paris. Le visage de la pauvreté à changé, et touche une part significative de la population. […] Ainsi, au bout du mépris, au bout d’une bonne blague sur les territoires, sur les ploucs, il y a de la violence de classe, et la mort.
Un ouvrage intelligent, qui se lit d’une traite, remet les idées en place et que l’on aurai envie d’offrir à tou.te.s celles et ceux qui critiquent les classes populaires pour leurs mauvais goûts.
Ascendant beauf, de Rose Lamy, éditions du Seuil, 18€50, 167p
