Dans une petite île de la Norvège, au nord du cercle polaire, Maren regarde les bateaux de pêche s’éloigner. Nous sommes en 1617 à Vardo et l’intégralité des hommes du village va être décimée par une tempête qui fera sombrer les navires. Malgré leur chagrin, les femmes vont devoir assurer leur survie et la vie de la communauté dans cet endroit reculé et parfois hostile.
Trois ans plus tard, un homme religieux est envoyé afin de poursuivre l’évangélisation des provinces lointaines de la Norvège, où la culture Sami est parfois très présente. L’homme est écossais, il s’appelle Absalom Cornet et il a pris épouse en Norvège afin de s’établir sur l’île. Dévot jusqu’à l’obsession, ses précédentes fonctions l’amenèrent à traquer et exécuter des personnes accusées de sorcellerie. Sa femme, Ursa, dépaysée par l’arrivée dans un endroit si reculé et indifférente à son mari, va se lier d’amitié avec Maren. Les deux femmes devront faire front contre ces persécutions et les menaces qui pèsent sur la vie de la communauté tout entière.
Ce roman historique très puissant nous happe et nous séduit par ses personnages forts et résilients. On plonge dans l’Histoire, au coeur d’une nature sauvage, hostile et majestueuse et l’on frissonne autant de froid que d’effroi face aux ambitions délétères de cet homme prêt à tout pour faire régner l’ordre et asseoir son pouvoir. Les relations entre les femmes sont complexes, tortueuses, en douceur cachée ou colère retenue, mais c’est un beau voyage que l’on fait avec elles. On pense aux romans de Tracy Chevalier avec Les Graciées, ou à La Nuit des béguines, des romans qui emportent et marquent. A dévorer cette rentrée !
Les Graciées, Kiran Millwood Hargrave. Traduit de l’anglais par Sarah Tardy . Robert Laffont, 2020. 400p. 21€
