Petit tour du côté de la Corée en ce début du mois d’octobre avec la sortie d’un roman noir qui joue habilement avec les codes de l’horreur ! Ce surprenant objet littéraire qui sort complètement des sentiers battus, c’est Le Jardin, au style indéfinissable et au ton détaché, irrévérencieux, presque moqueur.
On y suit Ogui, laissé paralysé et complètement défiguré par un terrible accident de voiture qui a causé la mort de sa femme. Pour son plus grand malheur, lui est encore vivant et alors qu’il entame lentement la dure progression vers une guérison qui apparaît chaque jour de plus en plus hypothétique, sa belle-mère propose de s’occuper de lui.
Cette dernière, veuve également, le délaisse peu à peu et son comportement devient étrange.
Les choses prennent une tournure vraiment désagréable quand Ogui se rend compte qu’elle s’obstine à creuser un immense trou dans le jardin autrefois entretenu par sa fille, afin dit-elle, de terminer ce qu’elle a commencé.
Le Jardin est avant tout un roman d’atmosphère, où le poison est distillé au compte goutte par une autrice au somment de son art. Cette dernière prend même un malin plaisir à nous mener en bateau, tissant lentement la toile d’araignée autour d’Ogui dont le passé comporte peut-être quelques taches, qu’il va sûrement devoir payer.
Enfin, pour compléter ce court mais intense récital littéraire, Hye-Young Pyun remet le pouvoir dans les mains de la femme. Alors, qu’attendez-vous pour le lire ?
Le Jardin, de Hye-Young Pyun. Traduit du coréen par Yeong-Hee Lim et Lucie Modde. Rivages, octobre 2019, 19 euros.