Mais qui est donc Sylvia West ?
C’est ce que veut savoir Frédérick Summers, riche industriel qui ne regarde pas à la dépense en embauchant Alan Macklin, avec la mission d’éclairer le passé de sa future femme.
Destiné à ne jamais se confronter à elle durant le temps de l’enquête, le pugnace détective se lance sur les pistes semées dans le passé par cette femme dont il ne possède d’elle qu’une photo et un recueil de poésies publié à compte d’auteur.
Polar étonnant et en forme de puzzle extrêmement bien pensé, Sylvia est un roman loin du commun. D’abord, en sillonnant les routes des Etats-Unis et du Mexique, ce roman dresse une cartographie détaillée des territoires traversés pour les besoins de l’enquête et le résultat est époustouflant : on sent le temps qui passe au gré des pérégrinations de l’enquêteur, on traverse littéralement chaque espace.
Ensuite, si cette enquête répond d’abord à une demande privée, elle se transforme rapidement en passion puis en obsession. Sylvia est aussi une histoire d’amour impossible.
Enfin, alors que le cadre posé par le scénario est simple, quasi minimaliste, la maestria de l’auteur pour enchaîner les événements et son style économe frisent la perfection, Howard Fast construisant des personnages humains, vrais et complexes.
Ce sont surtout les portraits de femme éblouissants et émouvants qui interpellent, à mille lieux des lieux qui ne suggèrent rien et qui font de ce roman, plus qu’un chef d’oeuvre de littérature policière, un des premiers romans noirs féministes.
Sylvia de Howard Fast. Traduction de Lucile du Veyrier. Réédition en janvier 2016, 8 euros 50