Philippe est un jeune homme dont l’horizon se borne aux tours de la cité poisseuse dans laquelle il habite depuis dix-huit ans d’une existence décidément triste à mourir. Entre une mère qui l’abhorre, lui préférant son grand frère plus beau et plus doué, un père totalement effacé et une galerie de personnages englués comme lui dans une vie sans reliefs ni perspectives, Philippe passe son temps à traîner le long des vitrines du centre commercial où il ne peut rien acheter et au milieu de l’univers rude et fracassé des endroits sombres qui poussent en friche en bas des blocs de HLM.
Il tente malgré tout de s’en sortir, au rythme des bières en cannettes qu’il enchaîne avec Bruno, son ami errant raconteur d’histoires. Mais quand un drame survient, c’est le fragile équilibre sur lequel repose sa vie qui vole en éclat, déclenchant du même coup la bombe tapie sous les apparences de l’ennui et de la sourde violence du quotidien.
Roman tendu à l’extrême, presque jusqu’à l’épuisement, Les Yeux fumés est un roman noir découpé dans le vif qui donne la parole aux oubliés de la société. Pensez La Haine ou Ma 6-T va crack-er à la lecture
Plongerez vous dans l’enfer de ces microcosmes dont personne ne veut vraiment parler ?
Les yeux fumés, Nathalie Sauvagnac, Editions du Masque, septembre 2019, 19 euros