Quatre jeunes partagent leur temps entre les bassins de natation dans lesquels ils espèrent décrocher un jour une médaille et un ennui total, malaisant, fait de virées éthyliques et hallucinatoires, souvent placées sous le signe de soirées masturbatoires ou de mauvais sexe de groupe. Quand ils renversent un cycliste en rentrant d’une de ces soirées, on pourrait se dire que c’est le fragile vernis de leurs vies un peu pourries qui vole en éclats. Il n’en est rien. Ou du moins, la spirale continue, comme un pied appuyé sur l’accélérateur. Jusqu’à l’inéluctable ?
Avec Comme des rats morts, retenez votre souffle et immergez vous dans un roman noir au vitriol et à la plume abrupte quasiment découpée à l’acide. Portrait exaspéré d’une jeunesse désabusée, ce roman interpelle par la froideur presque clinique avec laquelle l’auteur traite ses personnages, à mourir de crasse, de sale, d’ennui surtout.
Pensez Tarantino sans l’esthétisation de la violence, Trainspotting sans le côté rock’n roll.
Comme des rats morts, Benedek Totth, traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, Babel noir, 2019, 7, 80 €.