C’est l’histoire de Duke. Elle est dure, mais c’est son histoire. Il est en prison et il n’est pas allé à l’école. À cause de ça, Duke explique tout de suite : « il manque des cases dans mon entendement des choses ». Il trouve pourtant de quoi dire l’étrange chaleur de son enfance en meute marquée par les coups des adultes.
Parler de violence paraît trop faible. La pensée bute contre l’insoutenable. Les yeux se détournent. Certain.e.s pourtant font face à cette terrifiante responsabilité. Parler. Réparer. Punir et juger ses semblables.
« Maria était habituée à mon parlement un peu décalé et elle disait tu fais toujours des phrases bancales mais plus sensées que les miennes reprends du fromage pour tes os ».
À la manière de Claude Ponti dans Les pieds bleus ou Monique Wittig dans l’Opoponax, Dimitri Roucheron-Borie construit l’un de ses rares livres se faisant la voix d’une enfance. Ses mots recomposent la musique chancelante et puissante d’une pensée en construction. Celle de Duke se fraye un chemin dans le noir. Et si « les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère », une langue originale, comme le suggère Marcel Proust dans Contre Sainte-Beuve, on peut l’assurer, Le démon de la colline aux loups est un très beau premier roman.
Le démon de la colline aux loups
Dimitri Rouchon-Borie
Le Tripode
17 €