Paul a un robinet qui fuit et cela commence à le rendre fou. Au moment où le plombier vient enfin réparer, sa femme le quitte (celle de Paul, pas du plombier). Le plombier, quant à lui, fait tomber une photographie dans la cuisine de Paul. C’est sa mère (au plombier, pas à Paul). Elle est Tchèque et elle a disparu lorsque le plombier était enfant. Paul, à ce stade de sa vie, n’a plus de femme, un robinet qui ne fuit plus et plus beaucoup de sens à sa vie. C’est pour cela qu’il est tout à fait évident que la seule chose à faire est de prendre un billet pour la Moravie afin d’enquêter sur la disparition de la mère du plombier.
Quel étonnant et drôle roman, quelle jolie lecture qui donne le sourire, quand ce n’est pas un rire franc et massif. Jérôme Bonnetto nous campe un héros un peu pathétique, dans un moment de vie assez peu glorieux, mais qui par la sincérité de sa démarche nous touche.Le silence des carpes est une belle déclaration d’amour à la République Tchèque, à son Histoire complexe et aux zones d’ombre toujours présentes aujourd’hui. On déambule dans les rues de Blednice, on passe pas mal de temps au bistrot, à parler de cinéma Tchèque en compagnie d’une serveuse serviable et au cœur immense. La quête de Paul est celle d’une réponse mirage, d’un fantôme, mais finalement c’est peut-être plus lui qu’il cherche dans ce dépaysement qu’une femme disparue depuis plusieurs décennies.
Ode aux belles rencontres, aux joies des relations humaines parfois bordéliques, au panache des actes fous, aux ruptures en pointillés qui déchirent le cœur, aux retours en terres inconnues. Le silence des carpes nous fait voyager avec humour et tendresse, et une jolie dose d’absurde et de références littéraires et cinématographiques.À découvrir donc, ce roman foutraque un peu mélancolique et franchement optimiste, qui par les temps qui courent est d’une sorte de nécessité.
Le silence des carpes. Jérôme Bonnetto. Éditions Inculte. 2021. 293p. 18.90€
Librairie La Nuit des temps 